Rien n’indique qu’on est passé dans un autre pays si ce n’est le changement de revêtement de la route: fini l’asphalte, c’est le retour de la piste caillouteuse. 

Le poste frontière est quelques kilomètres plus loin, mais nous (avec Jipé) y arrivons après la fermeture. Ce sera pour le lendemain. 

Le temps n’est pas très clément ces derniers jours, on arrive quand même à éviter les gros orages. On repart sous la bruine avec un nouveau cachet dans nos passeports. 


Dernières vues sur le lac Titicaca et nous rejoignons en trois jours la fameuse ville de La Paz. L’arrivée est spectaculaire : des hauteurs, nous apercevons ses immeubles et ses maisons construits dans une « cuvette » entourée de montagnes et de sommets enneigés. Pour rejoindre le centre, les pentes sont vraiment raides, on comprend vite l’intérêt des nombreuses lignes téléphériques qui relient les différents quartiers entre eux. 

Nous nous installons encore une fois dans une « casa del ciclista » où nous rencontrons d’autres cyclovoyageurs : Yessi et Juan (Venezuela), Jhonatan (Colombie) et Thomas (Suisse). L’ambiance est bonne, nous y passons plusieurs jours. 

Pour une capitale, c’est pas si mal... on a adoré le marché gigantesque de El Alto, la rue des « sorcières » où l’on peut trouver toutes sortes de remèdes, grigris et offrandes à la pacha mama (fœtus de lamas séchés, feuilles de coca, encens etc), prendre le téléphérique et goûter aux spécialités locales. 


Entre La Paz et Oruro, nous roulons à 4 avec Thomas et Jipé. Retour sur l’altiplano, ses longues lignes droites, ses paysages de pampa désertiques, ses montagnes pelées, ses villages fantômes avec les maisons en adobe et aux toits détruits, les lamas et les ravitaillements limités. 


Les hommes et les femmes de la campagne portent l’habit traditionnel, toujours avec chapeau, et mâchent de la coca toute la journée. Certains même ne parlent pas espagnol mais le quechua ou l’aymara. Ce n’est pas toujours évident de se faire comprendre!


À Oruro, Thomas et Jipé reprennent la route alors que nous décidons de prendre quelques jours de repos. 


Prochain objectif: la ville d’Uyuni, en passant par un des plus grands déserts de sel (Salar) du monde. Encore un peu d’altiplano où nous croisons Isabelle et Bruno - un couple français qui voyage depuis 13 ans à vélo - ensuite nous quittons la route principale. Heureusement celle qui doit nous mener jusqu’à Salinas de Garcia et son volcan Tunupa a récemment été asphaltée. Après ce petit village, capitale du quinoa, c’est le retour des pistes, soit de tôle ondulée et de sable, soit de cailloux. 

Encore un petit col et nous apercevons au loin une mer blanche. L’émotion est forte, à la fois contents d’avoir passé ce col et d’arriver à cette étape tant attendue. Nous faisons durer le plaisir et campons à côté d’un champ de quinoa un peu avant d’entrer dans le Salar. 


L’entrée sur le Salar est très étonnante. On a l’impression de rouler sur un lac gelé et que les vélos vont glisser à tout moment. Tout est blanc autour de nous. On essaye de garder le bon cap et heureusement, après quelques kilomètres, nous apercevons « l’île » d’Incahuasi vers laquelle nous nous dirigeons. Passé l’excitation, cette ligne droite de 40km dans ce désert nous semble interminable. Peu avant l’île, nous rencontrons Marc, Nadège, François, Pauline et Diane, une famille de français qui fait le tour du monde à vélo. Nous mangeons ensemble sur l’île notre premier steak de lama. Cet endroit ultra touristique abrite des cactus gigantesques quiqde ont plus de 900 ans! Nous nous remettons en route à deux pour avancer de quelques kilomètres, ce sera déjà ça de pris sur les 75km de désert de sel qui nous attendent le lendemain!

On en profite pour faire une série de photos typiques ainsi que le traditionnel « naked mile » (le kilomètre à poil) qui nous a fait bien rire! 

Le vent souffle super fort lorsqu’on décide de monter la tente au beau milieu du Salar, heureusement que nous sommes à deux! On cuisine dans la tente en profitant du magnifique spectacle du couché de soleil et puis de celui des étoiles. 

La journée du lendemain pour sortir du Salar n’est pas vraiment une partie de plaisir: le sel n’est plus si blanc à cause des nombreux passages de véhicules, il y a beaucoup de trous, de voitures et surtout de la bonne tôle ondulée qui nous secoue dans tous les sens! C’est avec un grand soulagement que l’on retrouve la route asphaltée. 


Une nouvelle casa del ciclista a ouvert ses portes à Uyuni, ce sera notre point de chute pour les prochains jours et c’est là que nous retrouvons plus tard Nadège, Marc et leurs enfants, tout heureux d’avoir battu leur record de kilomètres journaliers. On fête ça avec eux autour d’un bon repas. C’est vraiment extraordinaire de pouvoir partager une telle expérience de voyage avec des enfants. 

La ville d’Uyuni n’est pas très interessante en soi, nous en profitons pour faire des provisions, nous reposer et nous organiser pour la suite. C’est aussi l’occasion pour nous de faire un saut en bus à Potosí avec la famille de français et retrouver Laura, cycliste américaine rencontrée en Colombie. 


Retour à Uyuni et, quelques jours plus tard, les sacoches remplies de provision pour 10 jours d’autonomie, nous nous mettons en route à trois avec Laura pour la traversée du désert du Sud Lipez. Ce parcours redouté autant qu'attendu par les cyclovoyageurs dans la région. En effet, ce ne sont que des pistes de sable, cailloux et tôle ondulée à plus de 4000m d’altitude. Il y a également un vent fort qui se lève chaque début d’après-midi. À plusieurs reprises, on doit pousser les vélos, soit parce que ça grimpe trop fort, soit parce que les vélos s’enfoncent dans le sable. Mais mais mais quel spectacle tout au long de cette traversée! Des volcans et des lagunes de toutes les couleurs, une faune et une flore impressionnantes, des sources d’eau chaude et de belles rencontres avec d’autres cyclovoyageurs. Pour terminer le Sud Lipez en beauté, nous étions pas moins de 7 à passer la frontière chilienne.