Nous entrons au Pérou en traversant un pont au dessus d’une rivière qui tient lieu de frontière. De l’autre côté, il n’y a pas plus de 3 personnes et 2 gargotes. 

Une fois les formalités accomplies nous trouvons un accès à la rivière pour s’y baigner et faire la lessive. Il fait très chaud! 

Nous entamons alors sur plusieurs kilomètres une montée typiquement péruvienne (de beaux lacets aux pentes raisonnables) et bien asphaltée. 

En fin de journée, nous arrivons au village de Nuevo Esperanza où deux jeunes nous invitent à boire des bières sur la place du village. Shakira passe en boucle, des filles jouent au volley, on fait péter le popcorn avec notre réchaud, l’ambiance est chaleureuse. Le vendeur de bières nous invite alors chez lui pour partager le souper et y passer la nuit. Le lendemain, nous sommes invités pour le petit déjeuner chez sa fille et son gendre. Nous sommes directement conquis par ce pays et la gentillesse des péruviens. 

Nous nous remettons en route chargés de café, de cebada (blé torréfie à faire infuser) et d’une pièce d’artisanat en bambou chacun qu’on n’a pas le cœur à refuser malgré la place que ça prend en plus dans nos sacoches. 

Dans la ville suivante, à San Ignacio, nous rencontrons Agnieszka, une cycliste polonaise avec qui nous continuons la route jusque Jaén. De la descente et du plat le long de la rivière qui serpente à travers les rizières avec des montagnes vertes au loin, cela nous fait penser aux paysages d’Asie. 

A Jaén, nous sommes logés dans une petite pièce de la famille de Miguel et Mabel (sa sœur), qui tiennent un magasin/atelier vélo. Nous y passons le week-end en attendant le bus qui nous amènera à Yungay, dans la cordillère blanche. La ville n’est pas terrible mais nous y passons de bons moments à nous reposer, entretenir les vélos, découvrir les spécialités culinaires locales avec Mabel et sa famille (le fameux cochon d’Inde) et à manger des « glaces qui tournent » (pour Tom). 


À Yungay, nous somme de nouveau à 2 mais rencontrons rapidement 3 autres cyclistes, un anglais, un suisse et un italien. Le lendemain, nous nous mettons en route pour faire le tour du parc Huascaran un peu après eux. Nous quittons la ville par une piste qui monte jusqu’à l’entrée du parc à travers des petits villages. Une fois passée l’entrée, il se met à dracher et le vent nous glace! On passe à côté de la lagune dans ces conditions, ce qui ne nous empêche pas d’être émerveillés par la couleur de l’eau turquoise et le magnifique décor. Nous arrivons près d’un refuge à la tombée de la nuit, les doigts congelés, et plantons notre tente sur la plaine, à côté des 3 autres cyclistes. Le garde et un guide d’un groupe de marcheurs partis dans les montagnes nous invitent à cuisiner et à boire un café bien chaud dans la tente d’intendance. 

C’est parti pour notre premier col à plus de 4900m d’altitude. Nous démarrons tôt le matin avec le soleil pour grimper les 48 lacets sur de la piste en graviers. On s’en sort pas mal et surtout on ne doit pas pousser les vélos. La vue sur les lagunes et les sommets enneigés est magnifique ! Les 5 derniers kilomètres sont plus difficiles, la piste et le temps se dégradent et l’altitude se fait bien sentir malgré les feuilles de coca qu’on a calées dans nos joues. Enfin arrivés au sommet, quelle émotion! 

De l’autre côté de la passe une nouvelle vue s’offre à nous: d’autres montagnes enneigées et de beaux lacets en descente. Nous n’en profitons pas vraiment car c’est toujours de la piste avec des cailloux, on va doucement pour épargner nos corps et nos montures. Nous nous trouvons une chambre chez une charmante dame dans un village de 8 maisons.

Nous partons avec le soleil du matin mais sans savoir ce qui nous attend... un autre col à plus de 4300. On l’a senti passer celui-là ! Nous nous arrêtons pour la nuit dans le petit village de Sapcha où nous sommes hébergés et nourris dans une paroisse construite par une communauté italienne avec pour but de développer l’économie locale. On y profite d’un lit et d’une bonne douche chaude. On en retrouvera d’autres sur la route. 

Départ record à 6h du matin sur nos vélos! La route est belle, on roule tranquillement sur de l’asphalte. Alors qu’on est prêts à se remettre en selle après une longue pause de midi en bord de rivière, nous rencontrons David, un motard français. Nous nous donnons rdv quelques kilomètres plus loin pour bivouaquer ensemble. Nous le quittons au petit matin en nous donnant rdv à Huaraz quelques jours plus tard. Le dernier col du parc, la « punta Olímpica », n’est plus qu’à une vingtaine de kilomètres mais nous mettrons toute la matinée pour atteindre les 4915m. La montée se passe sans encombre sur du bon asphalte, des lacets correctes et un magnifique vue sur des sommets aux neiges éternelles. Ça se corse sur les quatres derniers kilomètres. Deux options s’offrent à nous: soit un tunnel tout beau tout propre soit l’ancienne route, une piste très rocailleuse qui nous mène à la passe. Nous optons pour cette dernière sur les conseils d’Anaëlle et Jonas, cyclovoyageurs suisses. Très vite nous mettons pied à terre et poussons nos vélos. A la moitié du chemin, le temps se dégrade sérieusement et un orage avec de la grêle nous tombe dessus! Nous laissons les vélos et nous réfugions comme on peut sous de grosses pierres en attendant que ça passe. Heureusement cela ne dure pas et nous reprenons notre poussée. A nouveau, nous sommes émerveillés par la vue une fois au dessus. Encore quelques poussées, dans la neige cette fois, pour passer de l’autre côté. On a encore droit à un beau spectacle! Encore plus de sommets enneigés, encore plus hauts et 50 km de descente asphaltée (après 3km de mauvaise piste pour rejoindre la sortie du tunnel). Les descentes sont à chaque fois glaciales! Une fois de plus nous sommes nourris et logés dans une paroisse « italienne » avec une bonne douche chaude.  


À Huaraz, nous retrouvons les 3 cyclistes de Yungay et David. Nous rencontrons également un couple de belges, Sandra et Simon (un Rixensartois!). Nous nous sentons bien dans cette auberge pas chère où se côtoient des hippies vendeurs de bijoux, des mochileros (voyageurs en sac à dos) et des cyclistes. Nous nous reposons, nous baladons dans la ville et mangeons beaucoup. Un soir, on organise même une pizza party: notre ami italien fait carburer le four à pizza au feu de bois de l’auberge! 


Revigorés, nous nous lançons sur la célèbre (parmi les cyclistes) « Peru’s great divide »: des milliers de kilomètres de pistes qui traversent le pays via la cordillère des Andes et des villages perdus dans les montagnes. Très vite, nous rencontrons Jojo, Falk (d’Allemagne) et Aron, leur chien, avec qui nous faisons la route pendant plusieurs jours. Au programme: de la bonne piste, des vues incroyables, des montagnes qui nous entourent, une grande descente dans un canyon, des repas chez l’habitant dans les villages, des bivouacs étoilés, une bonne baignade en eau thermale super chaude et 2000m d’ascension sur 100km pendant trois jours pour atteindre 4864m et ensuite redescendre sur Oyon. Tout bon, on a adoré!


À Oyon, nous sommes à deux et prenons 2 jours de repos. On y mange le fameux pollo a la brasa péruvien, 2 fois! Faut dire que les frites ressemblaient à celles de chez nous. 

Nous nous remettons en route sur la great divide mais là, c’est tout autre chose qui nous attend: ça grimpe sec, sans lacets, sur de la mauvaise piste qui nous fait déraper même quand on pousse les vélos, et pour couronner le tout, il pleut! C’est la galère! Heureusement, alors que Gaëlle était en train de prier pour qu’une voiture passe, un pick-up s’arrête et nous propose de nous embarque jusqu’au col à 4961m. Nacho et son collègue travaillent là haut à la mine. On est vraiment heureux de ce coup de chance, en plus nous papotons avec les deux hommes qui sont fort sympathiques! Gaëlle reconnaît la musique andalouse qui passe à la radio, forcément, Nacho est andalou! 

Trente km de descente ensuite et deux crevaisons pour Tom qui peste sur les chambres à air discount de chez decath’. 

On attaque le col suivant, avec un peu moins de motivation vu les pistes... toujours la même galère. Ce jour-là, on ne fera que 16km, principalement en poussant les vélos. On bivouaque dans un tournant sur le bord de la piste, à bout de forces une dizaine de kilomètres avant la passe. Heureusement, pas de voitures par ici, juste une moto qui passe à 4h30 du matin. On finit ce col le lendemain sous la neige à 4862m. Pas de vues sur une vallée mais une sorte d’altiplano, aux montagnes colorées où paissent des troupeaux de lamas et de moutons. 

On descend et on décide de quitter la great divide pour rejoindre Lima. En effet, avec nos 21 vitesses et nos pignons arrière trop petits, nous ne sommes pas équipés pour ce genre de dénivelés.

On profite encore une fois d’eaux thermales bien chaudes sur notre route, on retrouve la chaleur, les arbres fruitiers et, très vite, la descente en cailloux et taule ondulée se transforme en bel asphalte <3 

Nous rejoignons Lima qui se trouve à un peu moins de 200km en 2 jours de pure descente et plat, avec quand même du vent de face, sinon ce serait trop facile! 

On quitte alors la montagne, la nature et l’air pur pour entrer dans un brouillard qui, paraît-t-il, stagne au dessus de la ville presque toute l’année. Traverser les grosses villes à vélo c’est jamais drôle! Après une pause pour goûter les fameux ceviche d’une échoppe ambulante (en effet c’est vraiment un délice!), on fonce à la station de bus où nous embarquons 2h plus tard pour Cusco. Grand luxe à bord: sièges qui s’abaissent à 160 degrés, souper et petit dej’, écran perso avec films aux choix... on a l’impression d’être en business class dans un avion, ce qui était bien confortable pour les 23h de trajet. 


Nous installons nos quartiers à Cusco dans une auberge bien connue des cyclovoyageurs. Nous y retrouvons d’ailleurs 2 des cyclistes de Yungay (Nick et Martin), Gio et Chris qui voyagent en tandem rencontrés à Tumbaco ainsi que le couple de belge rencontrés à Huaraz. Mais surtout, nous avons rdv avec notre ami bruxellois, Nico Passana, avec qui nous flânons dans les ruelles de Cusco et alentours pendant une semaine. 

La ville est très agréable, avec plusieurs ruelles piétonnes, ses marchés et ses vieilles pierres. 

De là, nous partons à trois en excursion pour le Machu Picchu. Il se mérite: pour y arriver, c’est d’abord 7h de minibus sur des routes sinueuses qui donnent la nausée jusque Hydroelectrica. Pour rejoindre le village du Machu, Aguas Calientes, il faut marcher environ 2h30 le long des rails (train ultra cher) dans des paysages junglesques. La balade est très agréable et nous revigore. Nous arrivons dans le noir et sous la drache à notre auberge. Le village est très touristique, on dirait qu’il n’a été conçu que pour les visiteurs du Machu. Les prix sont exorbitants mais nous arrivons à dénicher le resto à prix normal avec un très bon menu. Debout à 4h pour attaquer l’ascension vers l’entrée du site et ainsi éviter la foule. On a une belle vue sur le site en contrebas, sans personne qui se balade, juste avant que la brume n’engloutisse les ruines. Heureusement ça va ca vient et cela crée une atmosphère mystique. Malgré la pluie et les « sacs poubelles » ambulants sur tout le site (la plupart des gens portent des ponchos jetables!!), nous apprécions la visite et ne regrettons pas d’être venus. Pour le retour, rebelotte jusqu’à Cusco! 


Nous quittons Cusco à trois, avec Jipé, un cyclo français, avec qui nous faisons la route pendant les trois semaines suivantes. 

Une dernière longue montée (mais tranquille) nous attend avant l’altiplano. En chemin, nous rencontrons un couple de cyclistes français, Guillaume et Sylvaine, qui vont vers le Nord avec qui nous papotons un bon bout de temps. Un peu avant la fin de la montée, petite pause aux thermes d’Aguas Calientes qui fait du bien!

Nous avons de la chance, à chaque fois nous trouvons de beaux spots pour bivouaquer. 

C’est aux alentours du Lac Titicaca que ça se corse: on a de la pluie presque tous les après-midi! Malgré cela, longer le lac par la rive nord est magnifique, on croirait longer la mer. Nous traversons de petits villages où il y a très peu de circulation et pas de touristes. Se ravitailler n’est pas toujours évident mais c’est sans compter la générosité de certains habitants qui nous ont apporté de la nourriture. Ça a été le cas lors du premier bivouac au bord du lac, notre tente à peine montée, une charmante jeune fille accourt pour nous offrir un plat de truite, pommes de terre et riz fraîchement préparé ainsi qu’une boisson pour chacun. 

Plus qu’un col à monter pour rejoindre la frontière bolivienne et ses pistes défoncées jusqu’au premier village.