Nous avons laissé le soin au papa de Tom d’écrire quelques mots sur les 10 jours passés ensemble au Chili et en Bolivie.


Mots illustrés


Grosses villes ou hameaux, la rue est aux chiens. Qu’ils soient "de quartier" ou carrément errants, ils se reposent à l’ombre, brillent de mille poils au soleil, suivent le passant à l’allure sympathique, n’aboient pas ou alors au passage de voitures rappelant un souvenir douloureux, mendient à peine et se secouent souvent, semblent vivre en parfaite communauté et ne revendiquent que le droit d’être là. Tout simplement.


Austral

Brunes, rousses ou blondes, légères ou typées en goût, elles se nomment Austral, Kunstmann ou Cristal. Des cervezas qui rivalisent avec Heineken ou même Stella sur les cartes des restaurants et indiquent que le Chili n’est pas qu’un pays dédié au vin.


Sur le Salar d’Uyuni avec un parasol en plein cagnard, sur un terrain de basket sans joueurs face à une église en manque d’office, dans une ruine à proximité d’un bassin thermal, sous le hayon du minibus pour le lever d’un soleil soupçonné au travers des effluves des geysers du Tatio… le pique-nique habilement concocté avec le plus grand soin par nos accompagnateurs fut toujours une halte bienfaisante, arrosée et joyeuse.


Centimètre, l’unité de croissance de cactus qui souvent me dépassaient, un peu voire beaucoup en taille, très largement en âge. On ne parle pas d’années, mais de siècles pour certains.


Les véhicules qui arpentent pistes et routes de terre, de sel comme de sable crapahutent à l’envi sur de la tôle ondulée, ces rides transversales régulières qui éprouvent autant les amortisseurs que les lombaires des passagers.


A ses cousins ou cousines lama, guanaco et alpaga, c’est la vigogne (vicuña) que je préfère. C’est la plus maigrichonne mais aussi la plus gracieuse. Méfiante et les oreilles bien à l’affût de la moindre intrusion, elle trace sa route, indomptée et fière, sur des territoires immenses et souvent arides.


Fresques, tags élaborés, portraits colorés ou témoignages plus ou moins nauséabonds de l’histoire récente du pays, l’art urbain ou Street Art fleurit abondamment sur les murs de Valparaiso. Acte politique protestataire sous la dictature de Pinochet, il est devenu un mode d’expression extrêmement populaire. Des artistes locaux voire internationaux, libres ou répondant à une demande, agitent bombes et pinceaux pour réaliser de véritables œuvres à hauteur d’homme comme sur d’impressionnantes façades.


C’est le ciel à l’envers : quand la lune est descendante dans l’hémisphère Sud elle est ascendante dans l’hémisphère Nord et inversement. D’où des quartiers inversés, comme l’eau qui tournoie à chaque chasse.


Barbelés, piques acérées ou tessons de bouteille surmontent murs et portes des maisons dans les villes. Le chilien se surprotège et se met hors la vie de sa rue et de son quartier. Par crainte ou par hostilité ? Héritage malsain des années de dictature ?

 

Le territoire chilien est une des régions les plus sismiques de la planète et est coutumier de tremblements de terre. La collision des plaques de Nazca et sud-américaine donne naissance aussi à de très nombreux volcans : certains fument encore, d’autres révèlent des couleurs éclatantes sous leurs cônes enneigés. Le majestueux Licancabur, à la frontière du Chili et de la Bolivie, semble veiller sur des paysages montagneux et lagunaires de toute beauté.


De tous les arbres rencontrés lors de nos randonnées, ce sont l’eucalyptus et le poivrier qui m’ont le plus impressionné. Leurs feuillages touffus abritent oiseaux et rapaces tandis que branches et leurs troncs tourmentés rivalisent en taille.


Le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel au monde, n’offre aucune profondeur de champ et offreun immense de terrain de jeu aux pour imaginer des photos parfois déjantées en utilisant l’effet de perspective.


Peuple natif du continent sud-américain, les Mapuches sont systématiquement entrés en résistance contre tous ceux qui voulaient les chasser de leurs territoires, des Incas aux colons espagnols en passant par le gouvernement actuel du Chili qui organise massacres et délocalisations de masse depuis plus d’un siècle. A des fins bassement économiques profitant à quelques grandes familles liées au pouvoir : les exploitations de pins et d’eucalyptus, très rentables et dévoreuses d’eau, causent une extermination massive d’arbres ancestraux et détruisent l’écosystème en asséchant les puits et les rivières, faisant fuir la faune et la flore.


Victor-Hugo, le trait d’union est important pour distinguer l’écrivain visionnaire et notre guide au Nord du Chili. Un homme tout à fait charmant et véritable encyclopédie avec une parfaite maîtrise du français. Prévenant, plein d'anecdotes, soucieux du moindre détail pour rendre nos excusions inoubliables... et elles le furent. Il a même réussi à nous trouver un restaurant (ouvert rien que pour nous ou presque) en bord de plage pour la soirée de réveillon du 24 à Arica. Accompagné d'un chauffeur très sûr même sur des pistes improbables et aux dénivelés impressionnants.


La Pachamama est, dans les religions précolombiennes d’Amérique du sud, la Terre mère.Elle régit l’environnement de l’être humain dans sa totalité, aux plans matériels comme spirituels. Son nom provient de la combinaison de deux termes :

- Pacha qui, en aymara comme en quechua, sert à désigner un tout universel comprenant la terre, l’espace, le temps, le cosmos

– Mama, mère, qui symbolise la fertilité et l’abondance, notions essentielles pour des civilisations à l’économie agricole, en particulier dans un environnement naturel aussi aride et ingrat que peut l’être l’altiplano.