Dès les premiers coups de pédale en Équateur, nous sentons que l’atmosphère est différente: très peu de voitures et le calme... il fait chaud et sec. 

Après un bon almuerzo (menu du midi), nous décidons de ne pas nous attarder dans la ville de Tulcan mais plutôt de pousser un peu plus loin vers le parc national El Angel. Sage décision, nous avons l’impression d’être seuls au monde et que le temps s’est arrêté. En effet, les plantes qui composent majoritairement le paysage semblent sorties de la préhistoire! A part une bande de Vénézuéliens en transit, nous ne croisons personne en 2 jours! 

Nous passons notre première nuit à 3500m d’altitude, envahis par la brume qui nous empêche d’apercevoir les sommets alentours. C’est la première fois du voyage qu’il fait si froid et humide! La nuit nous nous réveillons, perturbés de n’entendre aucun bruit! 

Le lendemain, nous continuons notre ascension sur des pistes en mauvais état où l’eau s’est parfois accumulée jusqu’à ‘mi-roue’. C’est intense jusqu’au sommet mais la descente est pire! De gros pavés à la romaine nous secouent et mettent nos vélos à rude épreuve! 

Nous retrouvons la route goudronnée et la chaleur avec bonheur! 


Prochaine étape: Otavalo, connu pour son marché ‘artisanal’ (nous retrouverons les mêmes pièces partout jusqu’au Pérou!). 

Nous pédalons encore quelques dizaines de kilomètres, franchissons la mitad del mundo (« moitié du monde ») et passons dans l’hémisphère sud. Pour éviter la panaméricaine nous prenons des petites routes alternatives sur des chemins bordés de cultures de roses et de forêts d’eucalyptus. Nous dormons dans le jardin de Nelson, qui travaille dans la production des roses. Il nous explique que ces roses sont exportées partout dans le monde, principalement en Russie mais également aux Pays-Bas. Les voyageurs sont rares dans ces villages, c’est la première fois que Nelson voit une tente et du matériel de camping! Nous partageons avec lui un chocolat chaud et des bizcochos (spécialités de la région) tout en discutant de nos vies respectives. 

Le lendemain sa maman nous offre des humitas (genre de pâte de maïs cuite à la vapeur) et une boisson inconnue qui nous donne l’énergie pour entamer la dure journée de grimpe qui nous attend. Des pentes abruptes en galets et en cailloux nous mènent au somment d’un ancien volcan. Ce n’était pas évident mais arrivés en haut, c’est l’euphorie! 

Personne sur la route si ce n’est quelques moutons et leurs bergères ainsi que les deux bus quotidiens qui relient les petits hameaux à la ville la plus proche (El Quinche) que nous rejoignons à la tombée de la nuit. 

Pour arriver jusqu’à la célèbre casa del ciclista de Tumbaco, en banlieue de Quito, nous empruntons l’ancienne voie ferrée. On se croirait presque sur les ravels de Belgique, c’est génial! 


Santiago et sa famille accueillent les cyclovoyageurs depuis 27 ans!! Dans le jardin, de nombreuses tentes sont déjà installées. Nous y retrouvons notre ami andalou Santi et faisons la connaissance d’une quinzaine d’autre cyclistes. 

Nous nous y sentons immédiatement comme chez nous. Pendant une semaine nous échangeons nos anecdotes de voyage, nos expériences, nos spécialités culinaires et bien d’autres choses encore. 

Le 3ème jour, nous partons avec 6 autres cyclistes en excursion aux thermes de Papallacta. Pas évident de rouler en groupe... Pour pouvoir arriver à temps à destination, nous faisons du stop. Heureusement, ça marche, plusieurs véhicules nous embarquent avec nos montures et nous pouvons profiter des bains chauds toute la soirée. Nous campons sur place et y retournons encore un petit coup le lendemain avant de partir. C’est là que nous franchissons notre premier col à plus de 4000m. Ça caille!! 

De retour à la casa de ciclista, lavage et réglage des vélos, visite de Quito de jour et de nuit avec des amis de Barbara, auberge espagnole et même une petite fête qui retardera notre départ... pas évident de décoller de ce lieu chaleureux! 


C’est reparti en direction de la côte. Ça descend à travers les montagnes mais la route est très fréquentée, ce qui gâche un peu le plaisir. La chaleur est de retour! 

À Chone, une moto s’arrête à notre hauteur alors qu’on cherchait un endroit pour dormir. Juan nous invite à dormir chez ses parents, férus de camping. Le soir nous mangeons en famille et le lendemain nous leur préparons des pancakes. 

Nous passons notre première nuit à la côte dans le petit village de San Lorenzo où nous plantons notre tente sur la plage entre deux bateaux de pêche après un bon ceviche de poulpe. 

Il fait couvert la plupart du temps et nous arrivons à Puerto Lopez sous la pluie! 

On plante notre tente dans le jardin du café ‘Madame’, tenu par un couple franco-équatorien. La ville n’est pas vraiment intéressante mais c’est là que s’organisent les virées en mer pour observer les parades amoureuses des baleines. Nous prenons donc le large dans un petit bateau avec d’autres touristes. Nous apercevons un mâle puis un autre qui sortent de l’eau et font claquer leur queue et leurs nageoires sur la surface de l’eau. C’est un beau spectacle mais Tom n’en profite pas pleinement à cause du mal de mer... Sur le chemin du retour, nous passons devant des rochers où sont posés des fous à pattes bleues ainsi qu’un loup de mer que nos compagnons de bord réveillent à grands cris. Bon... il baille un coup, semble nous sourire et se rendort aussitôt. 

Le voyage le long de la côte est assez agréable. Il fait bon, nous traversons des petits villages de pêcheurs et longeons de belles grandes plages sauvages et désertes. 

Au moment de quitter la côte vers les montagnes, nous apercevons au large des jets d’eau et des nageoires. Nous saluons une dernière fois l’océan Pacifique et ces incroyables cétacés. 


De retour sur la panaméricaine, après avoir péniblement traversé la grosse ville de Guayaquil, nous prenons un bus pour remonter les 2000m de dénivelés positifs qui nous séparent de Cuenca.

Jolie ville où il fait bon vivre, nous nous y baladons et nous reposons deux jours. 

De là, nous roulons jusqu’à Loja. Nous ne pensions pas y rester mais nous rencontrons Ramiro qui nous accueille chez lui et nous fait découvrir la ville pendant tout le week-end: le rallye annuel (de jour et de nuit), la fête foraine gigantesque où nous passons l’après-midi à vendre des billets de tombola pour le club de bicyclettes anciennes, les parcs, les quartiers, les spécialités culinaires du coin, il nous invite même à manger une frite sauce samouraï dans une friterie belge, etc. Nous rencontrons une bonne partie de sa famille et, pour les remercier, nous leur cuisinons un brownie et encore une fois des pancakes. Ça leur a bien plu! 


De Loja, nous donnerons nos derniers coups de pédale en Équateur jusqu’à Vilcabamba. La route passe dans un grand parc national, nous profitons pleinement des pistes en bon état à travers les bois, longeant la rivière et traversant des petits hameaux. 

Ville des centenaires, Vilcabamba est pris d’assaut par les gringos qui possèdent la plupart des grandes propriétés aux alentours. Nous croisons plus de vieux hippies que de locaux! Un charmant gringo nous paye un thé et de bons biscuits avant de disparaître sans qu’on ait le temps de le remercier.

De là nous prenons d’abord un bus puis une chiva (bus-camion) qui nous emmènent jusqu’à la frontière avec le Pérou sur des pistes bien cabossées et aux dénivelés impressionnants.